samedi 31 janvier 2009

090131 Du cm2 au lycée, le niveau baisse. France Info

Par Emmanuel Davidenkoff
in "Les chemins de l'école". France Info 31 janvier 2009

— Écouter la chronique >>>>

— à lire également : "L'État de l'école, 30 indicateurs sur le système éducatif français. Octobre 2008."

(merci à Muriel pour les liens)


Cette fois c’est sûr le niveau baisse, et à tous les étages. Deux études parues cette semaine le montrent…

La première est très officielle puisqu’elle sort des ordinateurs de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Education nationale. Elle mesure les performances des élèves de CM2 à vingt ans d’intervalle – 1987-2007.

Et le résultat est sans appel…

Sans appel en orthographe. Sur un texte de dix lignes, 26% des élèves faisaient plus de quinze erreurs en 1987, ils étaient 46% en 2007. Sans appel en lecture où les résultats, jusque-là stable, chutent depuis 1997. Seul signe d’optimisme : le calcul. Les résultats ont baissé entre 1987 et 1999 mais se sont stabilisés depuis.

La seconde étude porte sur les lycéens…

Oui. Etude officieuse cette fois ; elle a été réalisée par des professeurs de l’association Sauver les lettres, selon le même protocole qu’en 2000 et 2004 : ils soumettent à leurs élèves de seconde l’épreuve du brevet des collèges de 1976, et surtout ils appliquent dans toute sa rigueur le barème qui était alors en vigueur. Résultat : 58% de zéro, 14% seulement d’élèves au-dessus de la moyenne.
Voir le test proposé par le collectif Sauvez les lettres>>>

Comment expliquer cette dégradation qui semble aujourd’hui établie…

Il y a d’abord les facteurs objectifs. Certains enseignants dénoncent depuis des années la diminution des horaires d’enseignement du français ; apparemment ils avaient raison de tirer la sonnette d’alarme. Il y a ensuite des facteurs plus difficiles à prouver et qui ne valent pas pour le primaire : on est passé à un enseignement moins classique, en introduisant au collège et au lycée tout un vocabulaire et des méthodes venus de l’université – notamment avec de la linguistique et de la stylistique. Sans des bases solides, on s’y perd plus qu’on y gagne. En plus on arrive à un décalage absurde entre les exigences des programmes et le niveau réel des élèves, ce que montre par exemple très bien le témoignage de deux enseignantes, paru à la rentrée aux éditions de l’Olivier sous le titre Rapports de classe.

N’y a-t-il pas aussi le fait qu’on est moins attentif à l’orthographe avec le langage SMS par exemple…

Apparemment ce n’est pas tant le langage SMS qu’un affaiblissement de l’orthographe comme compétence permettant d’accéder à un emploi. C’est un processus long, qui s’est joué en fait au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Jusque-là, le seul fait d’avoir une belle écriture, dans tous les sens du terme, cela vous garantissait un emploi. C’est devenu de moins en moins vrai, y compris pour les instituteurs, que l’on a commencé à recruter sur d’autres critères. Et qui eux aussi ont commencé à évaluer les élèves sur d’autres compétences que l’orthographe.